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[CH1616:001]
EPITHALAME AU MARIAGE DE MONr. GUILLEAUME DE
LIERE AVEC MADlle. MARIE DE LEEFDAEL.
SOUBS LES NOMS DE CORIDON, ET PHILIS

Je chante les effets, le fruict, la recompense,
D’une amour patient, d’une genereuse constance.
Toy qui jettai autheur les premiers fondements
D’une pudique ardeur entre ces deux amants,
(5) Toy qui leur allumant les flames mutuelles
Leur donnas au surplus le surnom de fideles,
Amour, assiste moy, et de ce mien discours
(Il y va de ta gloire) accompagne le cours.

Qu’attens tu grand flambeau des Cieulx?
(10) Qu’attens tu beau corps de lumiere?
Qui t’a esmeu d’entre les Dieux
A trainer ainsy ta carriere?
Faulsseur des naturelles loix
Pourquoy fais tu en ton voyage
(15) D’un heure un jour, d’un jour un moix,
D’un moix un an, d’un an un aâge?

Sçais-tu pas, toy qui n’es qu’un jour,
Toy, à qui chose n’est cachée,
Toy qui n’es qu’un oeil tout au tour
(20) Sçais tu pas qu’une Citherée
A exaucé ma triste voix
Pour me faire (ô longue demeure!)
D’un aâge un an, d’un an un moix,
D’un moix un jour, d’un jour une heure?

(25) Au moins, s’il n’est en ton pouvoir
D’haster ta course iournaliere,
Puissent mes plaintes t’esmouvoir
A ne la tirer en arriere.
Las! voudroys tu, contre les loix,
(30) Faire aux amants en ton voyage,
D’un heure un jour, d’un jour un moix,
D’un moix un an, d’un an un aage?

C’est trop de larmes se repaistre
C’est trop s’estouffer es langueurs,
(35) Coridon et Philis vont mettre
La Belle fin à leurs douleurs
Vien hymen vien, vien belle Citherée
        Vien hymenée.

Coridon d’une longue attente
(40) Trouve en Philis le grand guerdon,
Philis d’un amour patiente
Trouve le sien en Coridon.
        Viens donc hymen etc.

(45) Heureux amant, heureuse amante,
Heureux travail, heureux loyer,
Heureux espoir, heureus attente,
Qui est ce qui vous puisse esgaler?
        Viens hymen vien.

(50) Depuis que le grand oeil du monde
Passe et repasse son vieux tour,
Iamais n’apporta il de l’onde
Plus clair, plus beau, plus heureux jour.
(55) Viens hymen, vien.

Depuis que l’inconstante mere
Des mois, Cornue, nous reluit,
Iamais ne vit nostre Hemisphere
(60) Plus belle, plus heureuse nuit.
        Vien hymen.

Depuis que le grand Roy des ames
Par ses faicts se fait estimer,
(65) Iamais ne joignirent ses flames
Plus belle, plus heureuse pair.
        Vien hymen vien.

Beau jour, qui nos douleurs passées
(70) Assoupis au bont de deux ans,
O Iour le plus beau des journées
Ou as tu tardé si longtemps?
        Vien hymen vien.

(75) Heureuse nuit qui nous asseures
d’Une belle posterité,
Puissent durer tes douces heures
Une petite eternité.
        Vien h.

(80) Heureuse pair, qui t’en vas prendre
Les fruits de ta fidelité,
Puissent tes jours iamais n’apprendre
Les loix de la mortalité.
(85) Viens hymen vien, vien belle Citherée
        Vien hymenée.

        1.
Coridon, d’entre ces Rochers,
Berger le plus gay des bergers,
Coridon qui de son jeune aage
(90) Avoit employé les beaux ans,
Exempt de l’amoureuse rage,
A plus solides passsetemps,

        2.
Nagueres se sentit espris
Des embrasements de Cipris;
(95) Non pas qu’il les cogneust luy mesme
Non pas qu’il s’apperceut navré,
Non pas qu’il eut sceu dire, j’ayme,
Mais bien, je me sens alteré.

        3.
Il veille, il dort, il va, il vient,
(100) Il chemine, et dit, Qui me tient?
Il s’arreste, et dit, Qui me pousse?
Sent une chaleur dedans soy,
Reçoit secousse, sur secousse,
Sans sçavoir pour qui, ne pourquoy.

        4.
(105) C’est l’estat le plus ennuyeux
Qu’on puisse trouver soubs les cieux,
Quand un amant aime et desire
Luy mesme ne sçaschant que c’est,
Et que l’affection luy tire
(110) Sans cognoissance du subjet.

        5.
Si est ce qu’ordinairement
C’est le premier estonnement,
Que donne amour, lors qu’il entame
Un coeur destiné au brasier,
(115) Recevant cest ennuy dans l’ame
Celuy qu’il blesse le premier.

        6.
Coridon le premier blessé
Par vif effet l’a essayé,
Tandis qu’à choisir une flesche
(120) S’amuse l’enfant de Cipris,
Pour en tirer pareille bresche
Au jeune coeur d’une Philis.

        7.
Philis, beau sejour des amours,
Philis, bel astre de nos jours,
(125) Philis, de qui nature enceinte
Avoit pris resolution
De produire une image saincte,
Un amas de perfection.

        8.
Ou estce que le mieux adroit
(130) Subjet plus digne trouveroit
D’un Coridon? et a qui estce
Que, pour se choisir un Berger,
Une Philis, une Deesse,
Jamais eust peu mieux s’accointer.

        9.
(135) Or Amour qui dedans ces coeurs
Trouva et d’esprit et d’humeurs
Une egualite plus que aymable,
Sur ce esmeu de compassion
A veoir Coridon miserable
(140) Se fondre en son affliction,

        10.
Sus, dit il, Berger bienheureux,
Je vay te monstrer les beaux jeux,
Que pour toy j’ay voulu eslire,
A ce coup je vay t’enseigner,
(145) Au moins, si tu as du martire,
A qui tes plaintes adresser.

        11.
A peine eut il parachevé
Que voyla son arc descoché,
Voyla la flesche qui s’en vole
(150) Tirant les pensers, et esprits,
Comme des aymants vers leur pole,
De Coridon, touts en Philis.

        12.
Voyla mon Berger a l’instant
D’aveugle rendu clair-voyant,
(155) Voyla les mutuelles flames,
Les mutuels embrasements,
Donnants à ces deux belles ames
Mesmes amours mesme tourments.

        13.
Si l’un est en affliction
(160) L’autre y a part et portion,
Si l’un languit, l’autre souspire,
L’aise de l’un, l’autre esiouït,
Plaisir, ennuy, joye et martire
Tousiours esgualement les suit.

        14.
(165) Encor n’estoit-ce pas assez,
Amour qui les avoit blessez
Forma desia en son courage
Par divines conceptions
La liaison d’un mariage
(170) Entre ces deux perfections.

        15.
(Quand estce que ce Dieu ne sçait
Mettre son vouloir en effet?
Tant fit il, que, par l’eloquence
Du berger, qu’il y employa,
(175) Philis a son obedience
Comme de la cire il ploya.

        16.
Lors que le chantre Thracien
Quittant le bord ismarien
Dans l’acherontide caverne
(180) Osa se faire devaller,
Pensant du tenebreux averne
Son Eurydice retirer,

        17.
Bien est vray qu’il meut à pitié
L’inexorable Deïté,
(185) Au chant d’une voix ambrosine,
Mais helas la condition
Que luy adjousta Proserpine,
Le remit en affliction.

        18.
Lors que Coridon eut requis
(190) Le mariage de Philis
Bien est vray que sur la requeste
Que par sa bouche amour faisoit
Il receut apostille preste
Toute telle qu’il desiroit.

        19.
(195) Mais quoy? Ainsy le Ciel escars
Ne benit rien de toute parts,
Ainsy ne voit on chose née
Heureuse tout parfaictement,
La condition adjoustée
(200) Luy renouvelle son tourment.

        20.
He! faut-il, povre Coridon,
Que je face comparaison
De tes maux à ceux d’un Orphée,
Faut-il que, desia m’estant mis
(205) A entonner ton Hymenée,
J’aille raconter tes ennuis?

        21.
On luy va dire: Si tu veux,
Berger, te rendre bienheureux
En une si belle alliance,
(210) Au moins attendra tu le temps
Que Philis doit à son enfance,
Au moins l’espace de deux ans.

        22.
Si jamais arrest prononcé
Mist un homme en perplexité,
(215) Si jamais sentence donnée
Un criminel espouvanta,
Croyez, celle cy prononcée,
Que Coridon s’en estonna.

        23.
Tantost Raison, tantost Amour
(220) Luy donnent advis tour à tour,
Raison sagement luy rencontre
Et loue sa condition,
Amour se fasche, et luy remonstre
Une contraire opinion.

        24.
(225) Si estce que finalement
Raison luy meine si avant,
Qu’il se resout à la constance,
Pour plustost manquer aux tourments
De force, que de patience
(230) A de si beaux commencements.

        25.
Voyla son coeur et ses esprits
Esclaves à dix mille ennuis.
Le jour augmente ses destresses,
Amour, qui ne se peut cacher,
(235) Fait, qu’en tenebres plus espesses
Il trouve de quoy se facher.

        26.
Or il compare ses travaux
Aux plus qu’insupportables maux
D’un Ixion, car il esgale
(240) Son espoir sans soulagement
Aux sains appetits du Tantale
Qui tousiours happe et rien ne prent.

        27.
Il s’imagine que Phebus,
Soit par envie, ou par abus,
(245) Arreste son pas ordinaire
(Et que ne songent les amants?)
Discommodant toute la terre
Pour luy alonger ses deux ans.

        28.
Un des jours que ce Dieu monté,
(250) Semble sur un point arresté,
(Le scavant diroit, au solstice)
Mon berger couché à l’enfer,
Prenant ce temps pour son supplice,
Alla luy addresser ces vers.

        29.
(255) Tels cris, et tels eslancements
Luy servirent de passetemps;
Et semble que les plaintes mesmes
Luy apporterent ce soulas,
Qu’en ses angoisses plus extremes
(260) Elles font qu’il n’y pense pas.

        30.
En fin apres tant de tourments,
Tant de pleurs, de gemissements,
Tant de secousses endurées,
Tant d’efforts, tant d’extremitez,
(265) Voycy les heures arrivées
Termes de nos calamitez.

        31.
Apres une si longue nuit
Voycy l’amour qui nous luit,
Apres un si cruel orage
(270) Voycy nos Eures assoupis,
Courage, Coridon, Courage,
Voycy les deux ans accomplis.

        32.
Reprens haleine mon Berger,
Voycy venir le beau loyer
(275) D’une si belle patience,
Voycij les Graces, les beautez
Te vienent faire recompense
De tes grandes fidelitez.

        33.
Nymphes, et Bergers de ces boix
(280) Qui avez mainte et mainte fois
Esté tesmoings et Secretaires
De Coridon et ses douleurs,
Lors que les fontaines plus claires
Il souloit troubler en ses pleurs.

        34.
(285) Si jamais ses piteux accens
Peurent vous esmouvoir les sens,
Si jamais au son de ses plaintes
Vous eustes les coeurs attendris,
Si jamais les ames atteintes
(290) Si jamais troublez les esprits,

        35.
A ce coup ne vous taisez point,
Ores qu’il est en meilleur point.
Monstrez luy en chants d’allegresse,
Ayants eu part à ses ennuis
(295) Qu’encor es jours de sa liesse
Vous avez les coeurs esjouïs.



[CH1616:002]
IN CASUM DELAPSI CUBICULI REGINAE MATRIS, IPSA INCOLUMI,
CUM OMNIBUS QUI PARTICIPES ISTIUS RUINAE FUERUNT, CUM
ESSET TURONY, III: KAL. FEBR. 1616

Fracta quod horribilis laquearia pandit hiatus,
    Et rapit incautos vasta vorago viros;
Sola quod his tantis superas, Augusta, periclis
    Sustentatque tuos area firma pedes:
(5) Si licet augurii mentem indagare, Quid istac
    Fata, quid hac Coelum, quaero, quid astra velint?
Scilicet ingenteis Regni inconcussa ruinas
    Despicies, patriis altior una malis;
At populo passim pereunte, quid una superstes
    (10) Proderis? Ut populi sis rediviva salus.



[CH1616:003]
ALIUD
Pro superi! exclamat fractâ trabe lapsa caterva,
Hei mihi! qui posset dicere nullus erat.
Non possunt, Augusta, tuis non laedere plagis,
Nec, nisi te laedant, laedere fata tuos.
(5) Terra tremat, fremat unda, tonet, micet ignibus aether,
Gallia te stabit stante, ruente ruet.



[CH1616:004]
SUR LE MESME SENS
Le plancher enfoncé tout le monde s’escrie,
O Dieu! Je suis blessé: n’y a il point qui die.
    Le Ciel ne voudroit pas, Reine, comme tu vois,
    Te blesser sans les tiens, nij sans Toy tes François.
(5) Bruije tout l’Ocean, tremble toute la Terre,
Envoye Jupiter feux, fondres et Tonnerre,
    France, qui en Toy seule evite son trespas,
    Si jamais tu ne meurs, jamais ne moura pas.



[CH1616:005]
(AD DANIELEM HEINSIUM)
Ingens Lycaei lumen, et Camoenarum
Iam non alumne, sed pater, sed Antistes,
Heinsi, procul mortalium supra laudem
Conterminum pectus Dys, et ex illis
(5) Quos divus olim Scaliger, virum Phoenix
Cineres reliquit, quando debitam coelo
Mentem in beatas transtulit senex sedes,
Renate Phoenix, Patriae decus, Mundi
Stupor, meorum finis una votorum,
(10) Ergone faustam caelitus diem Phoebus
Invexit orbi, sacra quâ coram laetus
Contempler ora, verba Delphicis longe
Potiora dictis aure captem sedulus,
Manum manu complectar (impares dextrae!)
(15) Hoc dexterae miraculum quod Eoüs
Adorat, Occidens stupet meâ tangam?
Quis me beavit Iuppiter? Quis his divûm
Invexit oris? Cynthius ne quis forsan?
Ipsus mehercle, cuius, ut sopor fessum
(20) Premebat, increpantis haec quasi in somnis
Audire verba visus aut fui aut fallor:
    Quousque tandem Patriaeque nutrici
Hagaeque dulci, brachiisque maternis
Affixus haeres, ac domesticos ultra
(25) Volare muros segnior Puer cessas?
Non te beabit aulicusve convictus
Hagaeve splendor, et scatens voluptatum
Rivus, sed illa incomparabili Leyda
Superba Flandro, sedes alma Musarum.
(30) Hic ille doctam publice viris vocem
Resolvit; hic praecepta vel senis linguâ
Vel aure digna creber haurit auditor.
Hic ille, praeterquam sui, infinitorum
Quos longa in usum cura publicum aggessit
(35) Jaciet librorum (si quid augurem veri
Proferre credis) copiam. quid est ultra
Quod expetas? roga. nihil negat cuiquam.
Tanti favoris omnibus patent portae
Miselle, tun’ lates domi, et moras nectis?
    (40) Sic infit ille, seu Deus fuit, certe
Seu veri imago. Me sopor gravem summa
Cum voce lapsus linquit. erigor stratis,
Accingor illico viae, libros chartas
Compono, quicquid litterariae est usquam
(45) Rei convaso: Patriis vale tectis
Supremum dico moestus, haud scio an laetus.
Nunc, cum benigno Leyda, cum, quod in votis
Erat, benigno, tute, Magne Vir, vultu
Nihil meritum minus excipis, fidem sacris
(50) Reapse verbis, si quidem potest credi,
Praestare disco; poenitere nil possum,
Nisi quod fortasse serus hospes adveni
Et effluentis molliter iuventutis
Annos peregi, quos tuis oportebat
(55) Vovisse lectionibus, tuae, ante omnes,
Dicasse consuetudini. Sed hoc ipsum
Sarcire damnum, siquidem velis, Heynsi
Excelse, (nam quis sanus ambigat?) possis,
Et quando possis, quaeso ne gravare unquam
(60) Reddes iuventae quicquid hactenus lapsum est,
Et praeteracti temporis dies, menses,
Annos reduces. quid supra? mihi memet.
Jul.



[CH1616:006]
Miracle de ton sexe, agreable sejour
Des plus rares Vertus, Perle de nostre Cour,
Anne qui me contrains de confesser en somme
Que nature a voulu egalement et l’homme
(5) Et la femme douer de grace, de beauté,
De coeur, de jugement, d’esprit, d’habilité.
Anne de qui les loix d’un sacré mariage
Me defendent l’amour, me commandent l’hommage;
Anne que d’honorer je ne manqueray pas
(10) Tant qu’un moment de Vie arreste mon trespas,
Qu’attens tu, Beau subjet, d’une plume grossiere,
D’un lourdaut Hollandois, d’une main escoliere?
Veux tu que, mesprisant le cours infortuné
Du Chartier estourdi, qu’un Pere importuné
(15) Colloqua gouverneur des furieuses reines
Du Char porte-Soleil, j’aille perdre mes peines
Au recit de ton los, qui desia sans mes vers
D’un honorable esclat a remply l’Univers?
Ne te fais pas le tort, la plus belle des belles,
(20) D’assubjettir ton nom à louanges mortelles,
Ne te fais pas le tort d’attendre de mes mains
Ce que te doit le Ciel et non pas les humains;
Lors qu’il sera besoing de blanchir la lumiere,
D’esclarcir le Soleil, d’avancer sa carriere,
(25) C’est lors que mes escrits, mes compositions
Pourront servir de lustre à tes perfections:
Pour asseur permets moy que d’un forcé silence,
Tres-asseuré tesmoing de mon insuffisance,
Ne trouvant rien d’esgal à ton los icy bas
(30) Je chante ton renom en ne le chantant pas.
Leydae. 10°. Septemb.



[CH1616:007]
IN PRODIGIOSUM ACADEMIAE LUGDUNO-BATAVAE INCENDIUM;
QUO TANTUM NON TOTA CONFLAGRAVIT, PROPRID: ID: NOVEMB: 1616.

Vidimus horrendas subito sacra Pulpita flammas
    Tectaque Cecropiae lapsa vorare Deae;
Pulpita non flammis, non talibus illa ruinis
    Auriacâ quondam Tecta sacrata manu.
(5) Magne Deus! quas mente, Pater, quas concipis iras?
    Quas rapido Terris incutis igne minas?
Si quid in humanos valeant praesagia casus,
    Arguit hoc turbas, turbida Leida, tuas.
Heu Sophiae sine lite Nutrix, sine crimine Mater,
    (10) Heu Batavi quondam floscule, Leida, soli!
En quid agis? proprio laceras praecordia morsu,
    Dissidium, rixas, jurgia, bella foves.
Scilicet, hostilis cecidere incendia flammae,
    Ustor Iberus abest, ureris igne tuo.



[CH1616:008]
C’est une folie
Que l’on se marie
Une prison
D’affection,
(5) C’est se causer
Au lieu d’aimer
Sa trahison.

La teste estourdie
Par trop bonne vie
(10) Se plait au vent
Du changement,
Ne pouvant pas
En faire cas
Qu’en la perdant.

(15) La mouche folastre
Au lieu de s’esbattre
Trouve si beau
L’air du flambeau,
Qu’en approchant
(20) Au mesme instant
C’est son tombeau.

C’est un tesmoignage
D’un foible courage
De ne rien veoir
(25) Que pour l’avoir,
D’idolatrer
Le Dieu d’aimer
Et son pouvoir.

J’honore les dames,
(30) J’abhorre les femmes,
Vive l’aimer
Sans s’engager,
Car d’estre pris
Si tost qu’espris
(35) C’est s’enrager.

Seroit il au monde
Perruque si blonde,
Si beau sejour.
Des feux d’amour,
(40) Qui me ravit
Et asservit
Tout en un jour?

O Ciel je te prie
Puissay-ie ma vie
(45) Plustost finir
D’un beau mourir,
Que d’achepter
Iamais si cher
Le repentir.
Fin.
Leydae. XVJ. de Nouembre.




[CH1616:009]
CONSTANTINUS HUYGENS IANO DEDELIO SUO S.
Si quid adhuc prisci poteris memor esse Sodalis,
    Ecce nec ignotâ littera scripta manu,
Littera mille decem decies latura salutes,
    Si (superi nolint) Iane, salutis eges.
(5) Septimus adductis stabit modo cornibus Orbis,
    Septima luni-sequas Cynthia volvet aquas,
Ex quo consultos cupiens Dominumque librumque
    Advolat Heusdanos missa tabella lares:
Tu tamen (ô rerum fautor male fide mearum!)
    (10) Ipse petita mihi scripta, nec ipse negas.
Forsitan haec animo poterat tolerarier aequo
    Reddita responsis blanda repulsa tuis;
Nunc ubi litterulâ misere frustratus amicum
    Fraterno mavis eminus ore loqui,
(15) Iane, quid excuses? num te fortasse moratur
    (Da veniam dicti liberioris) Amor?
Eloquar ingenue, (quid enim? neque crimina prodam)
    Nescio quae de te nupera fama volat;
Crederis internis depasci viscera flammis,
    (20) Cyprigenique sequi dulcia castra Dei.
Crederis; et certe, nisi quod vix immemor eius
    Indomiti quondam pectoris esse queo,
Non verear licet incertis confidere dictis,
    Visaque iam pridem fama merere fidem.
(25) Nec tamen ignosco: nam, si damus omnia flammis,
    Quaeso, quid hic memorem te vetet esse mei?
Quisquis amicitiae pugnantem opponit Amorem
    Ille vel hellebori, vel rationis eget.
Non solet iste Puer (Puer est, nec tute negaris,
    (30) Tradere cui victas cogere, Iane, manus)
Non solet iste Deus (Deus est, nec id ipse negarim)
    Solvere contractae pignus amicitiae.
Et tu, bina ferens animo contraria, possis
    Qui calidus Dominae, frigidus esse mihi?
(35) Et tu multivolis mox assimilande puellis
    Foedera sustineas frangere prisca novis?
Iane, per hanc dextram, quae te praeitore Pelasgas
    Protulit, et Latias te praeitore notas,
Per Patriae commune solum, per candida colli
    (40) Marmora, per Cypridos sidera bina tuae,
Desine tam duras praebere sodalibus aures,
    Desine amicorum spernere, Iane, preces;
Da mihi, cum Dominae devoveris omnia, restem
    Pars animi semper quantulacumque tui.
(45) Sic meritum tanti pretium latura doloris,
    Decidat in casses praeda petita tuos,
Sic tibi, sopitis, quibus heu! quibus urere flammis,
    Optatum referat sollicitata, Placet,
Sic tibi Dedelios spondens faecunda nepotes,
    (50) Introeat festos Phyllis amata toros.
Addere plura velim, si plura per otia detur,
    Sed ne te careat longius Illa, Vale.
Lugduni-Batavorum. VII°. Id: (7) Decemb.



[1616:010]
CONSTANTINUS HUYGENS PATRI COLENDISS.mo
Dulce caput, venerande Senex, pia cura tuorum,
O Pater, ô animi portio magna mei;
Accipe, sed nocturna, suos redolentia somnos
Scripta, (jubes testem prodere? lectus erit.)
(5) Quae, licet haud Patrium referentia carmina nomen,
Non potuere oculos non subiisse tuos:
Nempe cui vitam genitus lucemque diurnam,
Huic parili noctes debeo jure meas.
(VI°. Id: (8) Decemb.)


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